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2 mars 2010

Ce n'est rien, juste un mauvais rêve -1-

NOUVELLE ECRITE PAR CHANTAL ALDEGUER

CE N’EST RIEN

                                  

                                   JUSTE UN MAUVAIS REVE

« Il ouvre les yeux ! »

Jana attendait ce moment depuis longtemps. Et pourtant elle fut quand même saisie d’un court instant de panique. Elle s’était habituée à l’immobilité complète de celui qu’elle surveillait depuis plusieurs semaines. Cependant, elle avait clairement vu les paupières du jeune homme remuer.

Un léger frémissement parcourut le corps allongé.

Elle lança une seconde fois l’appel, cette fois ci à l’attention des autres membres de la communauté :

« Il se réveille. Ca y est ! »

Les réponses lui parvinrent, diffuses :

« Garde ton calme. Ce n’est pas le moment de paniquer ! »

« Tu te sens assez forte, tu veux que l’on vienne t’aider ? »

Jana réfléchissait rapidement tout en continuant à observer son patient.

« Non, on va faire ce qui était prévu ! Il ne faut pas qu’il vous voit, c’est encore trop tôt ! »

Mathias entrouvrit les yeux et les referma rapidement. La pièce était faiblement éclairée mais il ne pouvait pas encore supporter la lumière. Il se sentait vide intérieurement. Il essaya de remuer ses membres mais ne parvenait qu’à de légers tressautements. Plusieurs fois de suite, ses paupières s’entrouvrirent quelques secondes, laissant apparaître une pupille bleue. Sa respiration était rapide et saccadée.

Une forme se tenait au-dessus de lui. Un visage enfin se dessina, de plus en plus net. Une jeune fille d’une vingtaine d’années le regardait anxieusement.

Il essaya de parler. Il ne réussit qu’à émettre des syllabes :

-          Ou…ui…e ?

Jana avait entendu :

-          Reste tranquille, lui dit-elle, tu es en train de te réveiller !

Elle parlait à voix basse, guettant les réactions de celui qui émergeait si péniblement.

Il continuait de remuer, de plus en plus fort, soulevant une main, un pied, comme s’il essayait de remettre la machine en route.

-          Ne te fatigues pas ! Tu as le temps ! Tu vas récupérer lentement, ne t’inquiète pas !

Elle lui disait cela mais n’en était pas sûre du tout. C’était la première fois qu’ils arrivaient à récupérer un cryogénisé vivant et pour l’instant aucun d’entre eux n’était sûr du succès de l’opération.

La voix de Xor lui parvint « Il faut qu’il se rendorme ! Il va trop se fatiguer ! »

« Attends, laisse le faire ! » Répondit Jana « Il a dormi suffisamment longtemps tu ne crois pas ! »

« Bon, si tu le penses, je te laisse faire ! Nous surveillons ses fonctions vitales. S’il y a le moindre danger pour lui, nous le rendormirons, que tu le veuilles ou pas ! »

Jana se sentait agacée, mais savait que Xor avait raison. Elle était maintenant gagnée par la curiosité devant cet individu que l’on avait retiré du passé.

L’équipe de recherche l’avait découvert voilà déjà plus de deux ans. Ils avaient déjà ramené beaucoup de ces cryogénisés et à chaque fois ils avaient espéré. La majorité des corps avaient été découverts en très mauvais état et il leur fut impossible de les récupérer.  Celui-là devait son excellent état de conservation à l’endroit où il avait été placé. D’ailleurs, tous les corps qu’ils avaient récupérés intacts provenaient du même endroit. Leurs proches avaient pris la précaution de les déposer au cœur même de la glace,  dans l’antarctique, si bien que lorsque l’électricité s’était arrêtée, le froid naturel avait pris le relais.

Seule une dizaine de corps jusqu’à présent avaient été suffisamment bien conservés. La communauté avait tenté de les réveiller. Ils avaient soigné les maladies dont ils souffraient avant leur « mise en boite ». Mais une nouvelle déception les attendait. Les corps étaient redevenus fonctionnels mais sans vie animée.

A leur grande surprise, ils s’aperçurent que les esprits des ressuscités étaient définitivement partis, laissant derrière eux un corps inhabité.

Mathias fut leur premier succès. En même temps que son corps, ils avaient trouvé une lettre écrite par sa mère, une lettre pleine d’amour qui  racontait son histoire.

Lorsque son corps fut réparé, ils eurent la surprise de voir que son cerveau émettait à nouveau des ondes. Il était vivant. Il dormait simplement. Il suffisait d’attendre. Tous les tests effectués étaient excellant mais tant qu’il ne s’était pas vraiment réveillé, ils ne pouvaient être sûrs de rien.

« Sa tension monte trop, je l’endors » La voix était impérative. Jana soupira. Il ne s’était finalement pas passé grand chose et elle était déçue.

« Combien de temps vas-tu le faire dormir ? » 

« Quelques heures, cela te permettra de prendre du repos toi aussi. Je te sens fatiguée »

« On ne peut rien te cacher ! Cela dit, tu as raison. Ne le réveille pas avant que je ne sois revenue »

« Tu sais bien que c’est impossible. Pour l’instant, il n’y a que toi qui puisses rester avec lui. Bonne nuit, Jana »

Mathias se réveilla avec le sentiment d’émerger d’un brouillard cotonneux. Il essayait péniblement  de rassembler ses idées :

-          Bon je suis un être humain, mais qu’est ce que je fous là, dans cette clinique. C’est bizarre ici, ça ne ressemble à rien de ce que je connais ! Mais qu’est ce que je connais ? Bon sang, qu’est ce qui m’est arrivé ? Je ne sais même plus qui je suis !

Il revoyait un visage penché sur lui, une femme en pleurs. Il se concentra. « Maman ! » Mais pourquoi pleurait–elle ? Tout était si confus. Une pièce qui ressemblait à un laboratoire, et lui, allongé sur une table, mais pourquoi ? Puis lentement une plongée dans le noir, avec cette sensation qui ne l’avait plus quittée, s’accrocher, ne pas partir !

Cette idée qu’il fallait tenir le coup, il ne la comprenait même pas. Pour comprendre, il faudrait qu’il se rappelle de quelque chose. Rien ne venait que des brides d’une vie qu’il avait vécue mais qui s’était estompée. 

Jana était déjà là  lorsqu’il ouvrit les yeux à nouveau. Son regard était plus vivant. Il leva péniblement une main qu’il  porta à son visage. Il toucha son front, son nez, sa bouche.

-          Je suis vivant, dit-il clairement

-          Oui. Nous avons réussi à te ramener. Tu te souviens ?

-          Des images défilent dans ma tête, mais c’est flou. Je vois une femme. Ma mère... Oui… c’est ma mère. Elle pleure... Elle me parle…. Je ne comprends pas ce qu’elle dit.

-          C’est ton passé dont tu te rappelles. Nous avons trouvé une lettre pour toi dans ta boite.

-          Ma boite ?

-          Tu as été cryogénisé, tu t’en souviens ?

Il passa à nouveau la main sur son front. Chaque mouvement lui demandait un terrible effort, et pourtant il avait déjà fait beaucoup de progrès par rapport à la veille.

-          Ah, c’est ça ! Je m’en souviens maintenant ! Je crois que j’avais une maladie très grave, un virus ou quelque chose comme ça ! Tu es au courant ?

-          Oui. Nous avons réussi à te guérir !

Il la regarda soudain, comme s’il réalisait brutalement sa présence :

-          Qui es-tu ?

Jana s’attendait à cette question. Elle s’y était préparée depuis longtemps. Pourtant elle marqua un instant d’hésitation :

-    Je m’appelle Jana, dit-elle simplement.

Mathias l’observa attentivement. Elle était jeune, plutôt jolie, une silhouette fine et élancée d’après ce qu’il avait pu en voir. Ses yeux était d’un vert limpide, ses cheveux sombres et bouclés, sa peau foncée sans être noire. Une métisse.

-          En quelle année sommes-nous ?

-          Tu as été congelé il y a bien longtemps. Tu étais le fils unique d’un couple très riche. C’est bien un virus alors inconnu que tu avais attrapé. Tu allais mourir lorsque tes parents ont pris leur décision. Ils ont dépensé toute leur fortune pour toi. Les techniques utilisées alors n’étaient pas encore vraiment  au point . Tous ceux que nous avons retrouvés de cette époque étaient en très mauvais état. Nous n’avons rien pu faire pour eux. Toi, ce qui t ‘as sauvé, c’est que tu avais été placé très profondément sous la glace polaire.

-          Tu ne m’as pas répondu !

-          Nous sommes en 2523, répondit à regret Jana.

Il resta un long moment silencieux.

-          2523. Ca fait si longtemps ! C’est incroyable ! Pas étonnant que j’aie des problèmes de mémoire.

« Sa tension monte à nouveau. Je l’endors. Tu continueras demain »

C’était un ordre et Jana obéit. Elle regarda Mathias qui s’endormait lourdement et sortit de la pièce.

« Tu es amoureuse ? »

La question venait de Maya bien sûr !

« Tu regardes trop de films, ma grande ! » Répondit vertement Jana.

Et pourtant, même si c’était un sentiment qu’elle n’avait jamais connu auparavant, Jana se sentait « drôle » quand elle était auprès de Mathias. Etrange sensation qui l’envahissait et qu’elle ne comprenait pas vraiment. Elle aussi avait regardé ces films d’amour quelque peu stupides de la cinémathèque mais cela ne ressemblait en  rien au trouble qu’elle éprouvait à chaque fois qu’elle était auprès du jeune homme. Non, c’était plutôt une sensation qui montait en elle et qu’elle subissait avec autant de curiosité que d’émoi. Elle se refusa à analyser davantage ces étrangetés. D’ailleurs plusieurs membres de la communauté l’attendaient et elle eut soudain honte de ses pensées stupides. 

Ils étaient presque tous là. Ils n’osaient enfreindre les ordres, mais se tenaient aux aguets et suivaient passionnément la « résurrection ».

Jana fut aussitôt entourée. Pour la première fois, ils lui parurent étranges. Le plus grand d’entre eux faisait à peine un mètre quarante. Leurs cerveaux paraissaient disproportionnés par rapport à leur corps grêles, leurs grands yeux sombres semblaient vide de toutes expressions. Leurs visages qu’un rapide coup d’œil aurait désignés comme immobiles, étaient parcourus de frémissements, trahissant des émotions qu’ils ne pouvaient exprimer autrement.

« Il commence à poser des questions » exposa simplement Jana

« C’est normal, mais ça veut dire aussi que sa mémoire fonctionne bien ! »

« Quand pourrons nous le voir ? »

« Pas maintenant, il serait choqué, c’est encore trop tôt. »

Maya, son amie, s’approcha d’elle :

« Tu crois qu’il se doute de quelque chose pour toi ? »

« Non, mentalement, il est encore à son époque. Il est même incapable de deviner… »

Elle retourna auprès de Mathias. Il dormait encore. Son visage paraissait calme et détendu. Il remua en gémissant.

« Il rêve » pensa-t-elle.

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Commentaires
C
et la suite ???<br /> plus moyen d'y acceder
Mes écris, introuvables ailleurs que sur le net
  • j'écrit beaucoup, on m'a dit que j'avais du "talent" mais je ne me fais aucune illusion quand à la publication de mes textes je croyais m'inscrire au forum, mais je crois quej'ai ouvert un nouveau blog, bon tant pis, je débute, je mettrais ici mes autres
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